Nova Scotia, domaine de Lady Gwen Sinclair

[Lady Gwen Sinclair]

Ceud Mile Failte
Slainte agus Sonas beartas!

Cent mille bienvenues!
Je vous souhaite
La santé, de richesse et de bonheur!

[Lady Gwen Sinclair]

Avant la date fatidique du 04 juillet 1720, Je possèdais 5 villes réparties sur la côte est les Treize Colonies Anglaises.

Jordannewydd et Vivianewydd étaient deux villes bourgeoises; enfin Vivianewydd entendait l'arrivée de quelques nobles.
Jordannewydd était ma toute première ville construction lors de mon arrivée sur le Nouveau-Monde.

Fashioncity était la ville vestimentaire; toutes les infrastructures pour la fabrication de vêtements s'y trouvaient.
A chaque nouvelle collection, on y retrouvait les Grandes Dames du Continent pour se vêtir à la dernière mode.

Sandwich City avait la particularité de regrouper toutes les manufactures alimentaires.
Du gâteau au dessert en passant au sel et à la nourriture, c'était là qu'on retrouvait les gourmets.

Gwenyocity était une cité plus particulière ...
Elle se trouvait tout au nord de la péninsule de la Nouvelle-Ecosse.
C'était une ville qui avait été conçue notamment pour retrouver mon amour.
Déjà son nom était un lien avec le couple que je formais avec un français.
On y trouvait ma demeure en retrait du centre-ville mais aussi des sociétés de construction.
Le bourg regroupait des bûcherons, des carrières de pierre et toute la chaîne pour la fabrication d'outils.

[Lady Gwen Sinclair]

Lors de la catastrophe du 04 juillet 1720, la Nature s'était déchaînée avec une telle violence que peu de choses lui avait résisté.
Pour ma part, trois de mes cités étaient complètement anéanties: Jordannewydd, Vivianewydd et Fashion City n'étaient plus que souvenir.

A Sandwich City, il restait encore quelques demeures et des vestiges du port.
Mais son cachet d'antan n'était plus qu'un rêve qui s'évanouissait sous les débris.

Gwenyocity ... la ville qui me tenait le plus à coeur.
J'espérai qu'elle aurait été épargnée mais je dus vite déchanté.
Trois quartiers restaient passablement dans un état potable.
Les toitures étaient touchées mais rien de catastrophique.
Ma demeure n'était plus qu'un tas de bois.
Le dernier quartier face à la mer était le plus atteint.

J'étais anéantie de voir les efforts de ces dernières années partir en poussières.
Cependant, le plus important restait les êtres qui faisaient mon bonheur: Maëlline et Lyoyo.
Mais aussi mes compagnons et mes amis qui devaient faire face au même carnage que moi.

[Lady Gwen Sinclair]

hrp: vous trouverez la description de la catastrophe ici en première page notamment

[Lady Gwen Sinclair]

Après le 04 juillet 1720, j'avais l'intention une fois Maëlline retrouvée de reconstruire mes villes.
En ayant passé à Victoria, j'avais appris que c'était sir Jack O'Neill qui s'occupait du recensement des vivants.
Vu les dégâts, on aurait pu nous appeler les Survivants de la catastrophe du 04 juillet 1720.
Car à priori, vu la violence que la Nature avait déferlé sur nous, on aurait du tous mourir.

Après une discussion avec Lancelot sur la reconstruction de mes cinq cités, je prenais la décision d'en rebâtir deux.
Mais vu que je voulais la nommer différemment afin de couper avec le passé, je devais demander une autorisation.

Depuis mon passage à Victoria, je savais que Jack s'occupait assez bien des Colonies
et que le reste du gouvernement,on ne savait trop peu ce qu'ils devenaient.

En ce soir du 30 juillet 1720, je pris une feuille et la plume afin d'obtenir ce que je souhaitais.

Sir O'Neill,

Par ce pli, je viens vous faire savoir que je souhaite reconstruire Gwenyocity et Sandwich City.
Mais je viens surtout quémander la permission de les renommer autrement.

Effectivement, j'aimerai que la nouvelle ville érigée sur les ruines de Gwenyocity se nomme dorénavant New Glasgow.
Et que les débris de Sandwich City puissent donner naissance à Yarmouth, un futur port pour la péninsule.

J'aimerai aussi savoir si mes trois autres cités, je suis obligée de les rebâtir sur leur ruine.

En attendant une réponse prompte de votre part, veuillez recevoir mes sincères respects.

Lady Gwen Sinclair

Fait sur les ruines de Gwenyocity, le 30 juillet 1720

J'envoyais un des gardes porter la missive en main propre à Jack ...
Dès le lendemain, les hommes de la péninsule se mirent au travail.
Pour ma part, je partais à la recherche de Maëlline.
Avant mon départ, je confiais les travaux à Gauvain notamment.

[Jackoneill]

Enfin il retrouvait un peu de tranquillité dans son bureau et surtout espérait y prendre du repos. Il ne comptait plus les jours où il n'avait dormi que quelques heures voire même pas du tout. Il se passa une main sur sa barbe naissante et s'installa dans le fauteuil devant son bureau. Jack Junior dormait sur le lit de fortune. Il n'avait toujours pas réussi à le faire se coucher ailleurs depuis la catastrophe.

Jack allait fermer les yeux, trop fatigué pour répondre à son courrier qui s'accumulait. Il repoussa le paquet posé devant lui et reconnut le sceau de Lady Gwen sur l'une des missives. Il fit un petit sourire se disant qu'il la reverrait peut être bientôt. D'un doigt il décacheta la cire.

Ainsi Gwen désirait rebaptiser ses villes. Il n'y avait personne au cadastre. Il prit donc l'initiative d'accepter et il ferait passer l'information auprès du service quand les choses seraient redevenues normales.

"Lady Gwen,

Vos villes porteront à présent le nom de New Glasgow à la place de Gwenyocity et de Yarmouth pour Sandwich City. Elles seront enregistrées auprès du service du cadastre dès que possible.

Sir O'neill

Le 2 août 1720"

Sa lettre très administrative ne faisait aucune allusion à la possibilité d'une visite sur Victoria. C'était une missive distante comme ils en avaient convenu ensemble. Il fallait garder une certaine distance pour réflechir. Réflechir à quoi ? A rien. Il l'aimait alors pourquoi chercher plus loin. Il se promit, alors qu'il cachetait la missive de son sceau, qu'après Victoria remise sur pied il retournerait la voir; A ce moment là, il était loin de se douter que leur séparation allait être très longue, beaucoup trop longue; Et que la vie allait encore plus les séparer au lieu de les rapprocher.

[Lady Gwen Sinclair]

Gauvain est un compagnon d'Avalon,un frère d'arme, un proche ami de Gwen
Elle a une totale confiance en lui et lui mettrait volontiers sa vie entre les mains.
Elle lui a confié la reconstruction de ces cités lui laissant juste quelques notes.
Il mesure 1m84 pour un bon 80kg de muscles et a de longs cheveux noirs.
Un regard ténébreux et un humour particulier font de lui un homme très apprécié.
A part le teint qui diffère, il pourrait aisément passer pour un amérindien.

Gauvain prenait la relève pour les cités ....

Le 31 juillet 1720, sur les terres de Lady Gwen Sinclair

Gwen venait de partir avec Lancelot et Tristan.
Je prenais en main le dossier qu'elle avait laissé.
Je parcourrais toutes ses notes retenant les points cruciaux.
Je regardais les autorisations qu'elle avait préparé d'avance.
Elle avait vraiment penser à tout pendant son retour en ce lieu.

Ce que je souhaite faire en tout premier lieu malgré ses recommandations c'était une demeure pour elle.
Car si elle arrivait à retrouver Maëlline il lui faudrait un toit pour pouvoir lui prodiguer des soins.
Mais pour l'avenir, il fallait à Gwen une demeure pour recommencer à vivre comme elle le souhaitait.


NB: quand c'est Gwen qui parle c'est en bleu marine ... Gauvain c'est en indigo

[Lady Gwen Sinclair]

Le 31 juillet 1720, je continuais à parcourir les alentours recherchant tout être vivant.
Effectivement bien avant le retour de Gwen, nous avions déjà commencé le recensement.
J'allais sur les ruines des places publiques en élargissant chaque fois mon périmètre d'action.
Je placardais les affiches que Gwen avait préparé espérant en avoir assez ...
... sinon il restait le bouche à oreille ... moyen très efficace pour un message se transmettre.

[Lady Gwen Sinclair]

Du 31 juillet au 03 août 1720, Nouvelle-Ecosse

Faire le tour de la région me prenait quatre jours.
Il m'avait fallut faire tout le bord de mer pour y arriver.
Vu que le centre se caractérisait de montagnes.

Je revenais le 03 août 1720 à mon point de départ.
Et je voyais un jeune homme devant une file.
J'arrivais à son hauteur et je regardais ce qu'il faisait.
Toutes les personnes se présentant devant lui donnaient:
nom, prénom, âge et profession ou qualités.

M'approchant de son oreille, je lui murmurai:

- Puis-je savoir ce qu'il se passe?
- C'est le succès de vos affiches.
- Et vous êtes?
- Peter Charbonne, mineur au service de Lady Sinclair avant la catastrophe.

Je regardais les feuillets qu'il avait déjà fini de noter et j'étais stupéfait de voir le nombre.
Il y avait des centaines de noms d'hommes, de femmes, de familles entières pour certains.
Tous étaient venus avec l'espoir de revivre dans une société pluridisciplinaire et pluri-culturelle.
Je m'asseyais à ses côtés et je regroupais les personnes selon leurs compétences.
J'avais des bûcherons, des maçons, des tailleurs de pierre, des couturières, des boulangers.
Mais aussi des chasseurs, des pêcheurs, des boulangers, forgerons et d'anciens soldats ...

Un messager avec un pli gouvernemental arrivait et très fatigué,il vint vers nous.
Il demandait à voir Lady Sinclair et je lui notifiais son absence de la région.
Il disait que le message était arrivé par voie aérienne par un pigeon.
Mais que celui-çi s'était affaibli en arrivant à Sandwich City.
Je lui précisais que j'étais son Second en son absence et il me remit le pli.
C'était la réponse positive à sa requête de changer le nom de ses cités.
Des mots sans vie qui m'étonnaient vu la personne qui avait signé ...

Je me permettais de lui écrire afin de lui demander une faveur.

Sir O'Neill,

Gwen est sur le chemin à la recherche de Maëlline et c'est moi Gauvain, son ami qui a en charge sa correspondance et ses affaires.
Elle sera bien heureuse d'apprendre une réponse favorable à sa requête mais j'en aurai aussi une à vous faire.

Gwen était mairesse de cinq villes et ici elle ne parle que de deux cités.
J'aimerai lui faire la surprise de rebâtir une troisième bourgade.
Lors de ma tournée sur l'île, j'ai appris la mort du maire d'Halifax.
J'aimerai reconstruire la ville et qu'elle garde son nom d'époque.
Mais que ce soit Gwen qui en devienne l'unique mairesse.

Bien évidemment cela voudra dire qu'elle perdra la possibilité d'en construire trois sur le continent.
Mais la connaissant, ce ne sera pas un soucis pour elle bien au contraire.

Veuillez recevoir, Sir, mes salutations distinguées.

Gauvain, Ami et
Second de Gwen Sinclair

Fait à New Glasgow le 03 août 1720.

[Jackoneill]

Chevalier Gauvain,

J'ai fait part de votre demande au cadastre de Victoria. Après n'avoir eu aucune nouvelle du Maire d'Halifax, il a été accepté que cette ville devienne propriété de Lady Gwen Sinclair.

Au cas où le maire d'Halifax fasse une réclamation concernant cette terre, il lui sera octroyé une nouvelle parcelle où il pourra s'installer.

Messire Gauvain vous trouverez ci-après l'acte de propriété pour les villes de Lady Gwen Sinclair

Fait le 7 aout 1720, à Victoria.

Colonel Jackoneill

[Lady Gwen Sinclair]

Du 03 août au 10 août 1720, New Glasgow.

Les ouvriers en bâtiment commençaient le déblaiement des terrains à bâtir.
Pendant que d'autres regroupaient les blocs pouvant être réutilisé.
Gwen avait eu la brillante idée de se servir des cavités naturelles.
Elle les avait transformés en grenier ou en entrepôts.
C'est ainsi qu'on retrouvait notamment des outils et des peaux.
Ainsi qu'assez bien de bois, je me rappelle qu'elle avait un surplus.

De certaines demeures,il restait des murs porteurs en très bon état.
Et on s'en servait pour refaire plus rapidement quelques maisons.
Quand les maçons finissaient le gros oeuvre d'une, ils passèrent à la suivante
Et pendant ce temps,les bûcherons et menuisiers s'occupaient de la boiserie.
Nous avions un travail à la chaîne en grandeur nature.
Ce n'était pas des maquettes qu'on faisait mais les maisons elle-même.

Quand les hommes terminaient complètement un chantier, ce sont les femmes qui entraient en jeu.
Elles nettoyaient, garnissaient les demeures de ce qu'elles avaient pu récupérer.

Les jours passèrent ainsi à remettre à neuf les maisons que la tempête avait partiellement détruit
Et c'était ainsi dans les trois cités qu'on appliquait les démarches.
Un groupe était réservé à la construction en bois de la demeure de Lady Gwen.
Que nous finissions à temps pour le retour de Maëlline et de Gwen

Le 10 août 1720, un messager arrivait de la Capitale juste avant le retour de Gwen.
J'en étais ravi qu'elle ne soit pas au courant de la surprise que je voulais entreprendre.
Le message était bref mais le contenu me satisfaisait grandement.
Et je tenais sagement secret l'acte de propriété que je pensais remettre à Gwen à une grande occasion.

Gwen arrivait le visage fermé ... on voit qu'elle renfermait beaucoup de colère en elle.
Elle était seule avec Lancelot et la petite qui était toute pâle et maigrichonne.
Elle tenait la petite dans ses bras et même Lancelot avait les traits durs
Que s'était-il passé? Elle rentrait dans la demeure et elle ne m'avait pas aperçu.
Tout comme elle n'avait pas pris effet où elle rentrait ... elle avançait machinalement
En arrivant plus près,je l'entendais donner des ordres très durs d'un ton qu'on lui connaissait que trop rarement.

- Tristan arrivera avec deux prisonniers ... ils seront jetés aux oubliettes ... le premier qui s'avise à avoir de la compassion pour l'un deux aura le même sort

Personne n'osait bronché ... mais que se passe-t-il par Avalon?
J'entrai dans la demeure à mon tour mais Gwen était en haut avec la petite.
Lancelot était dans le salon, toujours crispé, le regard dans le vide.
Je m'approchais de lui:

- Et vieux frère il est arrivé quelque chose de grave à Gwen? lui demandais-je inquiet
Il esquivait un timide sourire comme pour vouloir rassurer mais il savait que cela ne suffirait pas.

Il m'expliquait en gros ce que la nurse avait: la vente de la petite pour quelques croûtes de pain.
Il me disait aussi avec qui elle avait fait cette transaction: un marchand pratiquant la traite des blanches.
Il détaillait comment Gwen avait retrouvé la petite et je comprenais d'un coup son courroux.

Tristan arrivait sur l'entre-fait avec les deux individus en question.
C'est sans ménagement que je l'aidais à les jeter au cachot selon les désirs de Gwen.

[Lady Gwen Sinclair]

Du 10 août au 17 août 1720, Nouvelle-Ecosse.

Après avoir aidé Tristan a enfermé les misérables, je prévenais Lancelot que je partais pour Halifax.

J'aurai aimé croiser Gwen mais elle s'enfermait dans la chambre avec la petite.
Même Tristan et Lancelot ne l'approchaient que trop rarement, quand Gwen s'était endormie.
pour aller la déposer sur son lit et reprendre la relève près de la petite Maëlline

Gwen parlait peu et quand elle s'adressait à ses compagnons c'était toujours pour dire merci
ou préciser qu'elle ne voulait voir personne sauf son compagnon qui restait silencieux.

J'arrivais à Halifax le lendemain et je constatais que les rénovations avaient bien avancés.
La citadelle était toujours là surplombant majestueusement la ville.
Sa situation géographique lui avait permis d'échapper aux frasques de dame Nature.
Effectivement, la ville était construite sur une série de plateaux et collines autour du port.
Le centre-ville était situé sur une péninsule centrale et les faubourgs incluent beaucoup de villages de pêche.

Le gros des hommes s'attelaient à reconstruire le port ... un projet qui allait prendre quelques mois.
Les travaux se concentraient surtout dans les faubourgs de la belle cité ...
Il aurait été malheureux d'abandonner cette belle cité à son triste sort et je tenais à l'offrir à Gwen.

Peter m'avait accompagné et il continuait sa tâche avec une telle détermination qu'on ne pouvait que l'admirer.
Il mettait toutes ses connaissances et toute son énergie à finir tout chantier commencé.

Les jours passèrent et la volonté des habitants à tout reconstruire aidait largement.
Aucun ne rechignait à faire des heures supplémentaires même pas les intellectuels.
Le grand nombre des volontaires et les villes préservées malgré tout le passage du cyclone,
faisait que nous avancions rapidement dans les travaux de rénovation et ce sur les trois cités.

Tristan me donnait des nouvelles de nos deux princesses et j'apprenais leur voyage prochain.
Gareth, mon jeune frère quant à lui était depuis le début à Yarmouth et s'attelait à terminer les projets.
Le petit port lui prenait le plus de temps et malgré l'ardeur à la tâche, il ne pensait pas finir dans les temps.

Gwen arrivait le 16 août et j'appris qu'elle était descendue à l'hôtel "The Impérian Crown"
La ville reprenait assez vite ses activités et cela redonnait au peuple plus d'enthousiasme.

Je me disais que le lendemain serait le bon jour pour lui remettre son acte de propriété.
Et le jour J, elle arrivait avec Lancelot et elle montait la citadelle.
J'avais hâte qu'elle arrive et que je puisse contempler son visage qui sera très surpris.
Je la vis s'arrêter un moment devant le bâtiment principal et regarder la magnifique vue qu'on avait.

Elle entrait et là elle ne put retenir ses émotions ... elle paraissait très émue et très heureuse.
Elle remerciait Peter et elle me gratifia d'un chaleureux sourire et d'une embrassade amicale.
Que pouvait-elle dire de plus? Rien car je l'avais fait de bon coeur et je le lui devais bien.
Dans le passé, c'est elle qui m'avait offert un toit, une famille et un idéal dans ma vie.
Et ce qu'elle m'avait donné elle en avait autant fait avec mon jeune frère, Gareth.

Nous fêtions nos retrouvailles, nos promesses et notre amitié.
Gwen devait repartir car elle avait un long voyage à entreprendre.
De plus, elle ne voulait pas trop laisser la petite loin d'elle.
Même si elle avait laissé la garde à un des meilleurs d'entre nous,
Gwen n'arrivait pas à se pardonner le sort de la petite Maëlline,
et croyait se racheter en ne la quittant plus d'une semelle.

Elle s'excusait que la petite ne soit pas présente.
Mais nous comprenions que le petit bout chou dormait.

Elle repartait et c'est en rangeant les affaires que je me rendais compte de mon oubli:
dans le feu de l'émotion, j'avais oublié de lui remettre son acte de propriété.
Il me faudra organiser une soirée à son retour pour le lui remettre ...

Je reprenais mes tâches et j'allais ensuite au port pour donner les directives ...

[Lady Gwen Sinclair]

Du 17 août au 18 septembre 1720, Nouvelle-Ecosse.

Les travaux de rénovation avançaient grandement .
Les villes continuaient à renaître de leur léthargie
Et à Yarmouth, Gareth arrivait enfin à régler son soucis:
la stabilité des supports pour le quai était résolu;
et l'ensemble ne s'écroulait plus après une certaine charge.

Un mois s'était écoulé quand un trouble survenait aux portes de la citadelle.
Nous étions le 18 septembre 1720 en début de matinée;
Des colons avaient capturé un Natif et le maltraitaient en coup et en parole;
Il tentait tant bien que mal de parer les coups qui tombaient en rafale.
Je dus faire intervenir la garde pour protéger ce messager.

Une fois libre, ce dernier sortit un couteau et se mettait en garde.
Je dus employer beaucoup de tact pour calmer les esprits.
Apparemment, les esprits se seraient échauffés croyant le Natif pour un espion.

L'Indien ne disait rien et était en alerte, se méfiant de tout le monde.
Et je ne pouvais pas l'en blâmer vu l'accueil qu'il avait reçu.
Je déposais mes armes et je m'approchais de lui montrant ma bonne foi.
Il saignait de sa lèvre et de son arcade et je lui tendais un mouchoir
C'est là qu'il prononça enfin quelques mots:

- Lady Sinclair ... Lady Sinclair ... dit-il en plantant sa lame sur un pli contre le poteau.

Un silence tomba d'un coup lourdement dans la foule.
Certains commencèrent même à s'éparpiller.
Les provocateurs s'excusèrent sans savoir le contenu du pli.
Certains donnèrent même quelques écus avant de disparaître.

Pour la première fois, je vis un peuple honte de ses actes très peu civilisés;
nous qui vivions pourtant en bonne relation avec les MicMacs, je m'étonnais
de leur subite agressivité ... serait-ce les tensions des derniers temps et
la crainte denouveaux affrontements qui auraient poussé la population
à agir aussi violemment avec un étranger ... sûrement mais cela n'excusait pas tout.

Je pris le pli et proposais au Natif de me suivre pour des soins et un repos.
A l'intérieur de la citadelle, Peter se chargeait des soins et de préparer un repas;
Pour ma part, assis à la fenêtre, j'ouvrais le pli craignant le pire ...

Gauvain,

cet éclaireur Fox est un ami ... je te demande de lui accorder tout le bien-être à ce titre.

Il te remettra une liste de besoins en matériaux divers et en nourritures.
Tu as carte blanche pour tout lui fournir.

Il t'indiquera aussi un lieu de rendez-vous non loin de ma demeure ... avec un deuxième messager qui te préviendra de l'arrivée des chevaux que je te demande de ramener à New Glasgow.

L'échange se fera là-bas en toute discrétion vu la situation délicate qu'il se passe ici.

Je te remercie d'avance de prendre cette demande avec coeur

Gwen

camp Fox,le 10 septembre 1720.

J'étais rassuré d'un coup qu'elle n'avait rien ni les amis qu'ils étaient à bon port.
Je comprenais pourquoi elle ne parlait pas franchement mais à demi-teinte.
Les Fox étaient devenus un peuple ami pour Gwen et elle resterait loyale.
Mais, ils n'étaient pas forcément toujours en bon terme avec la Louisiane.
Et elle ne voulait pas que son aide à nourrir des être humains ne provoque
un incident diplomatique alors elle faisait tout loin des yeux de certains.

Une fois le Natif remis de ses émotions, je me dirigeais vers lui;
Je lui demandais des nouvelles de Gwen et de ses compagnons.
Et je lui demandais cette fameuse liste ... afin que je rassemble tout.

[Lady Gwen Sinclair]

Du 18 au 20 septembre 1720, Nouvelle-Ecosse.

Avec Peter, nous préparions les carrioles pour les Fox.
Ils avaient besoin de nourritures, de peaux, de tabac.
Et j'en passe tellement la liste n'était pas succincte.
Mais ils leur fallait aussi des armes et c'était le plus délicat.
Car il fallait les rassembler sans attirer les regards sur nous.
Donc dans chaque carriole, les armes étaient mises en premier;
Que nous recouvrions de peaux et des caisses de nourritures.

Comme prévu, le 19 septembre matin, nous partions.
Trois carrioles menées par Peter, le Natif et moi
prenions la route de New Glasgow pour y arriver.
Vu le convoi, nous n'arrivions que le lendemain.

Le 20 septembre,nous mettions les chariots à l'abri.
Et nous nous reposions pour ne repartir que le 21 ...

[Lady Gwen Sinclair]

Du 21 septembre au 24 septembre 1720,Nouvelle-Ecosse.

Au matin du 21 septembre, nous prenions la route en longeant le détroit de Northumberland.
Il y avait un léger vent du sud sud-ouest et un climat frais avoisinant les quinze degrés.
Mais le plus délicat était la fine averse qui tombait en espérant qu'elle ne tournerait pas en orage.
Sinon la piste du nord-est que nous nous apprêtions à prendre deviendrait impraticable.

On devait se rendre à l'isthme de Chignectou dans la région des Trois-Rivières.
Ce isthme était le seul contact géographique avec le Nouveau-Brunswick.

En premier lieu, on devait aller au bord du fleuve Petitcoudiac pour le bivouac.
Le fait de longer la côte nous avions 175 km à parcourir au lieu d'un bon 150 km.
Et le déplacement se faisait très lentement vu le chemin escarpé et sinueux.
Nous n'arrivions que deux jours plus tard, au soir du 23 septembre 1720.
Nous y passions la nuit à la belle étoile pour repartir le lendemain matin.

Nous descendions ensuite le long de ce isthme pour nous rendre vers le sud.
Le rendez-vous avait lieu à la pointe de terre entre les baies de Chignecto et Cobequid.
Il y avait toujours une légère averse et nous mettions une demi-journée pour y arriver.

Dans l'après-midi du 24 septembre 1720, nous faisions un campement précaire.
Et nous n'avions plus qu'à attendre la venue des amis Fox de Gwen et ses chevaux ...

[Lady Gwen Sinclair]

Du 24 au 30 septembre 1720, Nouvelle-Ecosse.

Nous attendions pendant trois longues journées avant l'arrivée des Natifs pour l'échange.
Nous étions le 27 septembre au soir quand le bruit d'un troupeau se fit enfin entendre.

Les bêtes étaient sublimes: cinq pur-sangs et dix mustangs composaient le troupeau;
Le meneur dit quelques mots à ses condisciples, vint vers moi et me salua:

- Hugh à vous ... Oeil de Lynx appelée chez vous Lady Sinclair m'envoie vers vous pour un échange.Je suis Waban Waneta, grand guerrier de la tribu Fox
- Bonjour à vous ... je suis Gauvain, proche ami de Gwen et elle m'avait prévenue par pli apporté par votre éclaireur.
- Hugh ... donc vous savoir la suite des choses.
- Oui, je repars avec les quinze chevaux et vous avec les deux chariots contenant bien plus ce que vous avez demandé.
- Mon peuple remercie grandement vous pour aide apportée.
- Mais les amis de Gwen sont sacrés.J'espère que vous n'allez pas repartir en pleine nuit et attendre demain pour reprendre la route ??
- Oui demain à l'aube nous partir avec convois sacrés.

Nous terminions la discussion en parlant de la dernière guerre sur leur domaine .
Les conflits avec les colons et les guerres de territoire qui en découlaient.
Ils avaient aussi bien des soucis avec les milices, que l'armée régulière.
Mais aussi, ils devaient faire face à des autochtones alliés aux Français.

Pour le moment, ils vivaient dans une paix relatives avec les deux nations blanches.
Mais il disait rester méfiant des gouvernements et de leurs alliés trop proches d'eux.

Après nous allions nous coucher et le lendemain à l'aube les Natifs partaient.
Pour ma part, avec Peter, nous attachions les chevaux pour les ramener.
Et c'est ainsi que nous rentrions à New Glasgow mais sans faire le détour de l'aller.
Effectivement, c'est l'échange qui devait rester secret et non le fait d'avoir des chevaux.

Le 30 septembre, après avoir pris notre temps pour rentrer, le haras accueillait les étalons.

[Lady Gwen Sinclair]

Du 30 septembre au 15 novembre 1720, Nouvelle-Ecosse

Les jours s'écoulèrent, les travaux continuèrent intensément avant l'arrivée de l'hiver.
Le foin était rassemblé et les bêtes rentrées au fil du temps que le climat se dégradait.
Les réserves étaient comptabilisées et emmagasinées en prévision des fortes gelées.

Gareth m'apprenait que le port de Yarmouth était fini ... et qu'il pouvait accueillir les navires.
Celui d'Halifax prenait plus de temps qui malheureusement nous était compté.

L'automne s'abattait assez rapidement sur la Nouvelle-Ecosse qui se parait de bronze.
Les hectares de terrains boisés riches en érable, en bouleau, en chêne et en sorbier
se transformèrent en une explosion de couleurs qui donnait son cachet à la région.

Fin octobre, les villes de Nouvelle-Ecosse se transformaient monstrueusement.
Des toiles apparaissaient dans tous les coins avec d'affreuses araignées.
Les colons devenaient des monstres, des fantômes, les sorcières étaient de retour.
Tout les habitants se préparaient à fêter Halloween, les petits comme les grands.

Novembre, les températures continuaient à descendre voguant entre 0° et 10°C.
C'est le 11 novembre que Gwen et sa petite troupe revenaient enfin de son long voyage.
Ils étaient enthousiastes mais éreintés ... la petite était toute heureuse de tout raconter.

Après quelques jours de repos, Gwen nous réunissait le 15 novembre en sa demeure.
Elle me remerciait, ainsi que Gareth d'avoir gérer avec brio les dossiers en cours.
Elle voulait dire merci de notre loyauté en nous distinguant civilement.
Elle nous nommait officiellement intendant de ces cités.
Gareth avait la gérance de Yarmouth , Tristan avait New Glasgow et moi Halifax.
Lancelot quant à lui devait gérer les domaines de Gwen en Nouvelle-Ecosse.

Elle restait mairesse et maîtresse de ses trois cités en supervisant l'ensemble.
Personnellement, elle voulait se concentrer uniquement sur la petite Maëlline.

[Lady Gwen Sinclair]

Du 16 novembre 1720 au 05 août 1721.

Gwen prenait en charge l'éducation de la petite Maëlline.
Il y avait bien encore des percepteurs mais Gwen gérait.

Les jours s'écoulèrent retrouvant chaque jour un peu plus de normalité.
nous continuions les travaux qui au fil du temps devenaient des rénovations.

Le 24 décembre 1720, Gwen reçut un messager venant de la capitale.
Nous passions un Noël blanc et le messager le passait avec les gardes.
Apparemment, il n'avait pas de famille et Gwen acceptait sa requête:
de ne pas passer les fêtes de fin d'année seul.

En février 1721, elle apprenait le retour d'un ami Sir Pierro
Elle reprenait une correspondance avec lui je crois.
Elle écrivait aussi à chaque nouveau colon qui débarquait.

Pour le 15 mai, nous étions à Yarmouth.
Du chantier naval sortait un nouveau bâteau.
Une commande que Gwen voulait honorer.
Et le peuple la remerciait en lui donnant
l'honneur de l'inauguration et la mise à l'eau.

Le même mois, on fêtait les quatre ans de Maëlline.
Elle organisait une fête pour grandiose pour la petite
Gwen reprenait petit à petit goût à la vie sociale.
Elle se remettait au travail avec la gérance de son domaine.
Lancelot l'aidait toujours ... de toute façon jamais il ne la laissera ...

Elle venait plus souvent à Halifax et à Yarmouth.
On était enthousiaste de la revoir reprendre les rennes.
C'est ainsi que nous mettions des projets en route:
les digues à Yarmouth et la construction de phares.

En juin 1721, elle apprenait le retour d'un de ses autres amis.
Le senior Hurgen était revenu et s'installait dans sa cité.
Il avait des projets de distillerie et cela avait fait sourire Gwen.

Fin juillet 1721, Gwen revenait à Halifax pour voir la finalité du projet.
La route des phares voyait enfin le jour.

Elle allait ensuite à Yarmouth voir l'avancée du deuxième projet.
Elle put admirer et parcourir une partie de la jetée du port.

Elle retournait ensuite à New Glasgow pour début août avec une nouvelle.
Le senor Hurgen avait ouvert sa distillerie et Gwen lui passait une commande.
Dans la même période, début août, Gwen eut un drôle de ressentiment.
Et sans hésiter, elle s'en allait à victoria où elle y arrivait le 10 août 1721.
Non sans oublier avant son départ d'affréter deux navires: un de marchandises et un d'hommes armés.
Je savais quand même temps, elle allait régler certains points.
Mais elle allait aussi faire face à son nouveau destin ...

Pour mon frère et moi, on continuait la gérance de ses cités ....

[Lady Gwen Sinclair]

Du 06 août 1721 au 15 décembre 1721, Nova Scotia

Halifax, le 10 août 1721, à la proche de minuit.

Plongé dans la continuité des travaux, on ne s'était pas aperçu de l'écoulement de la journée.
Et il approchait minuit quand nos rentrions dans nos chaumières pour passer notre nuit.
Pour ma part, je logeais le plus souvent au phare de Chebucto ainsi j'étais sur place dès le lever.

J'allais me jeter sur le lit quand un cliquement se fit entendre sur la fenêtre au sud de la pièce.
Etonné, j'allais voir qui chapardait au pied de la tour et qui s'amusait avec des cailloux.
J'avais aménagé une chambre annexée au bureau afin de concilier repos et lieu de travail.
Etant célibataire, je ne voyais pas trop l'intérêt d'une demeure où je n'y serai jamais ...

Il n'y avait personne ... seulement un pigeon éreinté portant un message.
Je lui pris le pli et instinctivement il allait au pigeonnier comme si il connaissait les lieux.
J'ouvris la lettre et l'écriture me fit directement chaud au coeur ... des nouvelles de Gwen.

Mais dès la première ligne, je me doutais que Gwen devait prévoir un plan périlleux.
Et elle nous laissait un temps trop bref ce qui signifait que c'était de très haute importance.
Je me rhabillais, j'accourais au centre de la place d'Halifax et je fis tinter la cloche d'urgence.

Toute la ville fut réveillée en sursaut et tous m'encerclèrent étonnés du réveil brutal.
Je montais sur un banc et prenant une voix très grave et très nette, je me fis entendre de tous:

"Haligoniens, haligoniennes

En tout premier lieu, veuillez m'excuser d'un tel réveil en fanfare mais l'urgence est bien réelle.
Votre mairesse, Lady Gwen Sinclair, souhaite de tout coeur que les colons de Nova Scotia répondront à son appel où elle demande des hommes valeureux prêts à se lancer dans une aventure où personne ne connaît encore la vraie issue de la péripétie.
Les volontaires devront se trouver au port de la cité à 01h00 du matin.
La connaissant, votre mairesse vous remercie d'avance de vous joindre à elle pour partir vers l'inconnu."

Après l'étonnement et sortant de leur torpeur, les volontaires commencèrent à prendre la route vers le port ... et moi de même pour aider les hommes à afrêter le navire ... Nous partions avec
quinze hommes.
Je dus refusé à Pierre le plaisir de venir mais je lui laissais le bon soin de veiller
sur la ville

Je me doutais que Gwen avait prévenu aussi Gareth,Tristan et surtout Lancelot ...

Yartmouth, le 10 août 1721, entre vingt-trois heures et minuit.

Je faisais un dernier tour sur le port quand un messager ailé vint se poser à mes côtés.
J'étais étonné de voir un pigeon oser s'approcher si près d'un humain et je fus attiré pas un bout de papier à sa patte que je retirai très doucement et que je déroulais

L'écriture m'était très connue ... celle de Gwen ...

Elle demandait de rassembler des hommes et je supposais des vivres.
Pour ma part, beaucoup étaient sur les chantiers pour la construction
de petits hameaux sur la presqu'île de Nova Scotia et au port il ne restait
qu'une dizaine de pêcheurs qui avaient déjà été entraîné un peu militairement.
J'allais à leur bicotte pour voir si ils seraient volontaires pour cette aventure ...
Cinq célibataires furent partant pour une quête vers l'inconnu.
Nous prîmes le bateau en pleine nuit pour la capitale ...

New Glasgow, le 10 août 1721 après minuit.

Je tournais en rond, ne trouvant pas le sommeil.
J'étais très inquiet au fond de moi sans nouvelles de Gwen.
Pourquoi était-elle retournée sans nous à Victoria ???
Seule face à ces détraqueurs, je ne ressentais pas une issue heureuse pour elle.
Les liens avec cet homme irlandais qui se disait son ami s'étaient effilochés au fil du temps
et elle n'avait plus aucune nouvelle de lui ni des bonnes ni des mauvaises.
Et cet autre homme de sa vie, ce français, qui a fait passé sa patrie et son pays avant elle.
Aucun des deux ne méritent qu'elle se sacrifie pour eux mais pourquoi était-elle butée à ce point.

Lancelot savait que Gwen pouvait percevoir ses pensées même à distance.
Mais il s'en moquait ... il rageait contre ces deux hommes à cause desquels
Gwen avait perdu la joie et le goût de vivre.
Tout comme elle savait qu'il pouvait ressentir sa tristesse même masquée derrière un sourire.
Il la connaissait trop bien et savait qu'elle était capable de tout.

Et justement ce soir-là il avait un drôle de pressentiment ...

Il tournait en rond sur le domaine de Gwen allant des haras à la demeure.
La petite était couchée depuis bien longtemps et était calme malgré ses nombreuses réclamations après Gwen et son père.
Il décidait de rentrer quand un aigle tournayait dans le ciel ... un signe se dit-il.
Mais de quel présage ... de bonne ou mauvaise augure ... il l'ignorait ...
Il monta le perron quand il trouva un vieux pigeon mort devant la porte.
Il allait l'enlever pour aller le jeter plus loin quand il vit que ce fut un messager.
La pauvre bête avait sûrement du faire un long voyage et il avait péri à destination.
Il prit le pli plié nerveusement et inquiet de son contenu.

Il le lut et fut encore plus énervé plus contre lui-même que contre elle.
Il monta à l'étage pour réveiller Tristan qui tenta en vain de calmer Lancelot.

Ils s'exécutèrent à rassembler quelques hommes malgré leur tardive.
Donnant l'ordre à un haut-garde de surveiller les biens de leur mairesse.
Ils précisèrent de ne céder à aucune demande des prisonniers dans les gêoles.
Ils partirent vers l'embarcadère avec dix bûcherons trouvés au pub de la cité.
Ils avaient rassemblé quelques affaires de la petite que Tristan avait pris
délicatement pour ne point la réveiller.
Ils montèrent sur le bateau où Lancelot installa la petite dans une cabine.
Elle ne s'était point réveillée malgré la précipitation environnante.
Lancelot donna l'ordre de prendre très rapidement la mer pour Halifax et ensuite
Victoria.Dans la rapidité de l'embarcation, ils avaient oublié les chevaux ...

[Lady Gwen Sinclair]

Note de l'auteur ... :

En brun foncé, ce sont les propos, pensées et agissements de Lancelot
et en violet gras ceux de Gareth, deux des fidèles de Lady Gwen

bonne lecture à vous

[Lady Gwen Sinclair]

C'est dans ce climat que trois navires partirent de Nova Scotia pour Victoria.
Il y avait au total trente hommes sans compter les fidèles de Gwen.
Ils arrivèrent cinq jours plus tard au matin du quinze août 1721 ...

[Lady Gwen Sinclair]

Février 1722 à New Glasgow.

Au début de ce mois, nous étions tous revenus au domaine avant le gros de l'hiver.
Le bois avait été rentré en large suffisance par Gauvain et les réserves étaient pleines pour tenir de longs mois.
Donc nous n'avions rien à craindre au bord de l'âtre écoutant les histoires de l'un ou les chants de l'autre.

La neige continuait sa chute depuis plusieurs jours ce qui amusaient les enfants.
Ils faisaient même des batailles de boules de neige ou des bonhommes quand le froid était supportable.
Mais jamais ils ne restaient trop longtemps dehors; même habitués par ce climat, il valait mieux être à l'intérieur.

Les routes devenaient difficiles et les nouvelles même de mes cités proches s'estompaient.

Vers la mi-février, on connu le plus dur de l'hiver 1722.
Le ciel fit tomber de plus fortes chutes de neige.
Des conditions extrêmement froides dépassèrent même les -20°C.
Eole soufflait d'une violence jamais vue abaissant la visibilité à quelques pas.
Car nous connaissions pour la première fois un Grand Blizzard.

La neige accumulée atteignait les 6 pieds.
Aucune différence entre le ciel et le sol n'était possible.
Seuls les conifères pouvaient encore nous indiquer le ciel et le sol.
Sortir de chez soi menait à se perdre voire à y périr geler.

Nous connaissions un tel climat pendant trois longues journées.
Ensuite, le vent se calmait et le climat s'adoucissait.
Mais les routes restèrent impraticables et nous fûmes coupés du continent.
Il nous fallut entendre la troisième semaine du mois pour un début de dégel.

[Lady Gwen Sinclair]

Fin février - début mars 1722 à New Glasgow.

Il nous fallût attendre le 21 février pour un redoux climatique et la disparition de la neige.
On pût même voir les prémices du printemps par quelques touffes herbues et des fleurs sauvages.
Ainsi Dame Nature prenait un peu d'avance sur sa grande venue si attendue.

Nos trois amis reprirent les routes pour mes autres cités et Nova Scotia.
Il fallait recenser les pertes humaines et les dégâts matériaux.

Pour ma part, je prenais soin des deux enfants avec lesquels j'aidais dans la ville.
La fin du mois se passait ainsi à aider les voisins à réparer les fracas du vent.

En début mars, je ressentis le retour prochain de mon compagnon.
Je n'en dis mot à personne mais cette nouvelle me rendait radieuse.
Enfin, il sera bientôt là et on sera de nouveau ensemble ...

[Jackoneill]

Mars 1722.

Après le départ de Jack, frère Baptiste avait de suite adressé une lettre au procureur du Royaume de France. Il espérait bien lui faire comprendre que si pour la justice anglaise, le colonel O'Neill était coupable, pour la justice française, il avait été un allié en les aidant à récupérer leur bien. Tout ceci risquait de devenir une affaire politique et le moine en était bien conscient. Seulement il ne se laisserait pas abattre. Il lui avait promis de faire quelque chose et il le ferait.

Dans un premier temps, il avait voulu récupérer ses affaires mais son navire avait été saisi, ainsi que sa maison de Victoria. Le Capitaine Black l'avait laissé récupérer les livrets qui composaient son journal intime et il était à présent en route pour New Glasgow afin de les remettre à cette femme, Lady Gwen Sinclair.

Jack ne lui avait rien demandé, seulement il ne savait pas que pendant sa convalescence sur l'Ile de Tortuga, le moine en avait lu une très grande partie. Il avait ainsi découvert que Dame Sinclair était ou avait été la compagne du gouverneur de la Nouvelle France. Un atout qui pourrait peser dans la balance s'il avait une lettre de recommandation de cet homme à remettre au procureur. Peut être même avait elle quelques influences qui l'aideraient dans ses démarches.

Il ne la connaissait pas tout et savait simplement que son ami en était très épris au point d'avoir voulu la demander en mariage.

Les routes enfin dégagées par un début de fonte des neiges, il entreprit le voyage et en eut pour quelques semaines à cheval et chaque soir, frère Baptiste lisait quelques pages du journal. Il apprit beaucoup plus de choses sur Jack notamment et sur cette jeune femme. Mais aussi sur ses relations avec Sir Aubrey et comment il avait fini par arriver en colonies anglaises. Sa décision d'aider les Maltais et pour finir, il le comprit un peu plus. Cet état fataliste dans lequel il était tombé, cette envie de se surpasser sans jamais y arriver. Comme si à chaque fois un coup du sort s'acharnait à lui faire croire qu'il n'était pas maître de sa vie. Il n'avait pas réussi à le changer mais il se devait de faire quelque chose pour lui. Il lui devait la vie et cette dette là n'était pas encore payée.

Aux portes de la ville, des hommes demandèrent son identité et le but de sa venue. Un jeune moine, porteur du message de Jack était arrivé avant frère Baptiste et fut de suite conduis jusqu'à son domaine. Quand au Maltais, ils vérifièrent son identité et quand il annonce qu'il venait aussi rencontrer Lady Gwen, l'un d'eux lui demanda de le suivre et il fut escorté jusqu'à une belle maison entourée d'un vaste jardin.

- Attendez là monsieur, je vais lui annoncer votre venue et voir si elle désire vous recevoir.

Baptiste hésita à dire qu'il venait pour lui donner des nouvelles de Jack. Il préféra s'abstenir ne sachant pas vraiment dans quelle condition ils s'étaient quittés.

[Lady Gwen Sinclair]

Mars 1722, New Glasgow

Une lettre me parvînt une semaine plus tard par pigeon.
Elle venait de Lyoyo m'annonçant son arrivée très prochaine.

Mon amour,

Oh que te susurrer ce doux mot au creux de ton oreille me manque.
De sentir ton corps contre le mien, de te serrer dans mes bras.

Je te demande pardon du mal que je t'ai fait par mon absence.
J'ai laissé sur tes frêles épaules tout le poids de mes responsabilités:
mes villes, notre vie mais surtout ma fille dont tu aurais pu la repousser.
Maëlline était la fille que j'ai eue avec une autre femme, Blondine.
Qui fut dans notre vie, amie puis ennemie pour ensuite une réconciliation sur son lit de mort.

J'ai toujours été très fier de tes choix et de tes prises de position.
Que ce soit en politique comme en société.
Toujours à défendre le plus faible contre les soit-disant Grands Hommes de ce monde.
Même si cela devait t'amener leur courroux, tu n'as jamais baissé les bras.

Malheureusement, je n'étais point à tes côtés pour t'épauler.
Et ce sont d'autres hommes qui ont pris ma place; qui t'ont aidé, protégé.
Oh je sais tu m'as toujours été fidèle, même si ton coeur s'est posé des questions.
Et ces hommes sont devenus tes amis dans ce monde cruel et je peux les citer:
sieur Fisdohit, sir O'Neil, sieur Glenmor, sir Pelot d'Hennebont, ce bon vieux gringo Titib.
J'en oublie sûrement et je m'en excuse d'avance auprès de leur mémoire.

Je reviens auprès de toi pour finir ma vie à tes côtés.
Fini la politique, au diable la France et ses magouilles.

Jamais,je ne rattraperai le temps perdu.
Toutes ses années écoulées loin de toi ne m'ont rien apporté.
Bien au contraire, j'ai juste risqué de te perdre bien des fois.

Tu recevras normalement cette lettre quelques jours avant mon arrivée.

J'espère que tu seras sur le quai, ne pleure pas mon tendre amour.
Et si tu me repousses, je le comprendrai mais pour la petite ne montre rien
Je te demande ce dernier effort pour elle car elle a déjà assez souffert.
Et si tel est ton choix, je te promets de m'effacer à tout jamais de ta vie.

Sache que même à des miles de toi je n'ai jamais cessé de t'aimer.

Ton loup adoré.

J'étais troublée à lire ses mots.
Il était si rare qu'il prenne la plume.
Et encore plus qu'il écrive à coeur ouvert.

Avant l'équinoxe de Mars, des nouvelles arrivèrent de toute part.
Du bouche à oreille,on apprît qu'un navire à pavillon français était au large de nos côtes.

J'appelais Maëlline et Jack Junior.
Je leur appris le retour du père de Maëlline.
Elle était prévue pour le lendemain.

La petite était toute heureuse à l'idée de revoir son papa.
Mais elle n'arrivait pas encore trop à y croire.

"C'est vrai Gwen? Il est vraiment de retour ?

Je la regardais droit dans les yeux qui perlaient autant que les miens.

" Oui ma grande il est de retour pour toujours ...
Demain, il faudra se préparer pour aller au quai."

Elle sautait de toute part, heureuse de cette nouvelle

"Je peux mettre ma plus belle robe pour papa?"

Je ne pouvais lui refuser tellement sa joie me faisait chaud au coeur.

"Oui apprêtes-toi comme tu le souhaites.
En attendant, je dois écrire une lettre."

La petite filait dans sa chambre tandis que je me dirigeais au bureau.
Je pris la plume et une feuille sur laquelle j'écrivis quelques phrases brèves.

"A L'Intendante des Colonies Anglaises, A son Gouverneur représentant du Roy

Moi, Lady Gwen Sinclair, vous fait part de ma volonté d'abandonner toute fonction politique.
Nous savons très bien que mon retour n'a été sollicité de votre part que par manque d'entourage.
Mais la vie m'éloigne de plus en plus de toute cette vie malsaine où ne vit que corruption, tripatouillage.
Où seul la volonté de dominer prime sur le détriment d'autrui; où certains sont prêts à tout pour régner.

Je ne vise personne en particulier même si je pourrai en citer mais ce n'est point là mon désir profond.
Je souhaite seulement que vous teniez compte de ma démission dès ce 21 mars 1722.
Certes la lettre arrivera bien après mais mon choix de vous l'écrire m'a pris spontanément.
Je le désirai depuis longtemps et je voulais encore attendre un peu et vous le dire de vive voix.
Mais des impératifs me font agir autrement et même si cette missive est très directe, elle a le mérite de venir du coeur.

Je vous souhaite d'atteindre des objectifs sains pour le bien du peuple.

Lady Gwen Sinclair.

Je scellais la lettre et en sortant du bureau je vis Jack Junior assit en haut des marches, triste.
Je montais à ses côtés et lui pria de me parler de sa soudaine mélancolie.
Il me fit savoir qu'il était heureux pour la petite de sa joie du retour de son père.
Mais qu'il comprenait que lui, on l'avait abandonné et que personne ne viendra pour lui.
Je le serrais contre moi et sentais ses larmes couler.

"Junior, tu es grand maintenant et tu comprends mieux les choses.
Si Jack et Soso t'ont laissé en garde chez moi c'est pour s'assurer que tu serais bien.
Jack et Soso ont fait des choix et il faut les respecter même si cela nous fait mal.
J'en veux autant que toi et même plus à Jack d'être parti sans un mot, ne pensant qu'à lui.
Je pourrai te dire ce qu'il est devenu, continuer les recherches même si lui croit pouvoir m'échapper.
Mais c'est à lui de faire les démarches et à lui de s'expliquer, de t'expliquer.
Tout ce que je peux te dire c'est qu'il est encore vivant mais nous ne faisons plus partie de sa vie.
Du moins maintenant en tout cas, il a fait des choix qui le mènent à vivre loin de nous et qu'il doit surmonter seul.
Il doit assumer ses actes et ses paroles où qu'il soit ... et j'espère qu'il trouvera ce qu'il a toujours cherché.
Pour ma part, je respecterai ma parole donnée et ne chercherais pas à tout savoir."

Junior ne comprit que la moitié mais il se ressaisit après cela et c'était l'important.
Je lui suggérais fortement de s'apprêter et de venir demain avec nous car il faisait partie de la famille maintenant.

Après cela, je me dirigeais pour héler le cocher et d'apprêter la carriole.
A cet instant, mes amis rentrèrent et je leur appris la nouvelle.
Gauvain se chargea du transport et du nécessaire pour la route demain.

Quand soudain un Haut-Garde arriva.

- Lady Gwen Sinclair, prêtresse d'Avalon, deux hommes désirent s'entretenir avec vous.
- Qui sont-ils?
- C'est un moine et un prêtre, ils m'ont seulement dit qu'ils souhaitent vous voir.
- Faites-les entrer dans le petit salon d'accueil, je vais les recevoir un à un.
- Bien Lady, je vais transmettre vos ordres.

Le Haut-Garde partit dans le vestibule d'attente et fit entrer les deux hommes dans la pièce.
J'entrai dans le bureau suivie de Lancelot et de Tristan.
Ils firent entrer le plus jeune des deux hommes.
Il me salua et se présenta ...

- Je suis le moine Jean-Pierre enchanté de vous rencontrer Madame Saint-Clair ... dit-il
- Bonjour moine Jean-Pierre, c'est Lady Sinclair, vous devez être français vous dis-je en l'interrompantQue puis-je pour vous?
- Pardonnez-moi Lady, j'ai une missive et un paquet à vous remettre dit-il me tendant la lettre cela vient de ...
- Lord O'Neil je suppose ? dis-je sûre de moi ayant ressentit certaines ondes en la touchant.
- Oui Lady et ma tâche est faite je vous dis donc adieu je dois repartir très vite.
- Bien merci moine Jean-Pierre; vous trouverez un navire en partance pour la capitale ce soir; dites que vous êtes mon hôte afin de ne rien payer

Il sortit et l'autre homme entra

- Mes hommages Lady Sinclair, je suis le frère Baptiste. dit-il
- Frère Baptiste vous venez aussi de sa part?
- Oui et non, le sujet le concerne mais j'ai à vous parler et j'aimerai aussi rencontrer le Gouverneur de Nouvelle-France.
- Et vous espérez que par moi vous pourrez joindre le Gouverneur sieur Lyoyo?
- Oui je dois bien vous l'avouer que j'ai besoin de vous deux dans ma quête.
- Ecoutez sieur Lyoyo n'arrivera que demain après un long voyage et une longue absence ...
- Je comprends Lady et je patienterai mais ...
- Soit vous pouvez attendre jusque demain matin ou écrire tout ce que vous désirez de nous deux pour votre quête à sauver Jack.
- Mais comment savez-vous qu'il est en danger ... dit-il étonné et un peu sur la défensive
- Un lien très spécial nous unit et qui j'espère durera à tout jamais ...

Lancelot qui piétinait de voir d'autres venir me quémander pour Jack ne put se retenir et intervînt dans la conversation

- Sir O'Neill a abandonné volontairement Gwen pourquoi devrait-elle encore intervenir à sa faveur ? Lui qui se prend un plaisir à s'éloigner d'elle et de la faire souffrir ... Il suffit qu'Avalon l'abandonne à son sort et qu'il la laisse en paix ...
- Lancelot je t'en prie ... calmes-toi ... je sais ce que tu ressens mais laisse ce prêtre accomplir sa quête et à nous d'agir en conséquence.Frère Baptiste souhaitez-vous nous écrire ce que vous désirez ou attendre demain ?

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